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Etude stabilométrique de l'élément du médio-tarse
Alain Faugouin, Serge Helbert. CFPO 23, rue Biot 75017 Paris
Résumé.
L'étude stabilométrique concerne un élément de semelle appelé élément du médio-tarse de forme originale placé sous le médio pied qui vise à compenser le travail biomécanique de celui-ci dans son rôle de stabilisateur et d'équilibrateur du pied , de la ceinture pelvienne et de la colonne pelvienne.
Il s 'agit de confirmer ou non cette action mécanique sur le systême postural fin par des enregistrements stabilométriques.
L'étude globale porte sur 110 patients testés avec et sans l'élément du médio-tarse sur la plateforme de stabilométrie clinique.
Les resultats statistiques montrent une différence significative sur le paramétre surface ( p<0.001) et sur le paramétre des x moyen (p<0.001) en situation yeux ouverts.
Les autres paramétres ne sont pas significatifs en situation yeux ouverts et aucun en situation yeux fermés. Cette étude semble confirmer le rôle électif du médio-pied dans l'information du systême postural, et démontre l'intérêt de l'élément du médio-tarse qui permet à la fois d'augmenter la précision du systême postural et d'être un élément de traitement important des déséquilibres posturaux.
Introduction
La pertinence d'un aspect biomécanique du médio-pied extrait de la littérature et de la clinique ostéopatique nous a amené à réaliser un élément de semelle original dont nous avons supposé l'action sur le systême postural.
L'étude qui suit en est la confirmation expérimentale.
Le docteur LE LIEVRE et le docteur DOLTO considèrent en statique le médio-pied comme le garant de l'intégrité de la voute plantaire en tant que clef de voute de l'arche interne et de l'arche externe.
Messieurs LAVIGNE et NOVIEL considèrent en dynamique que le médio-pied est sollicité pendant 95% de la marche, 40% du temps plantigrade, 22% du temps digitigrade et 33% du temps de suspension, durant lequel il sera soumis à une force valgisante importante.
Le docteur J. CLAUSTRE et le docteur F. BONNEL : " Le médio-pied qui allie à la fois solidité, stabilité, souplesse demeure le trait d'union indispensable entre l'avant pied structure horizontale et l'arrière pied structure frontale et instable ".
Le docteur J.M. KIRSCH et Monsieur CHARPENTIER observent la chute du médio-pied quand les forces pronatrices sont trop importantes pour être absorbées par le travail du jambier postérieur. Les anomalies posturales qui favorisent cette chute sont le plus souvent la rotation interne du membre inférieur et le tendon d'achille court.
Pour le docteur BOURDIOL, le rôle équilibrateur du pied et électivement du médio-pied est en relation avec la stabilité de la ceinture pelvienne et de la colonne lombaire .
Pour R. RICHARD, la stabilité de la ceinture pelvienne règle par l'intermédiaire des chaines musculaires la mobilité articulaire du médio-pied .
Le médio-pied est ainsi souligné comme une zone articulaire carrefour en statique et en dynamique , de contraintes mécaniques intrinsèques au pied et extrinsèques depuis la colonne lombaire et la ceinture pelvienne.
Aspect biomécanique du médio-pied lors de l'appui
La stabilisation mécanique du complexe articulaire médio-pied est principalement sous la dépendance des muscles de soutenement dont les plus importants sont le jambier postérieur et le long péronier latéral. Le jambier postérieur, pour sa part, subit le maximum de contraintes mécaniques pour s'opposer aux forces pronatrices lors de la marche.
Lors de la marche, la mobilité articulaire du médio-pied est sous l'influence du jambier postérieur pour l'articulation astragalo-scaphoidienne et du long péronier latéral pour l'articulation cuboido-calcanéenne. Ces deux muscles ont une action de rotation sur le cuboide et le scaphoide selon deux axes antéro-postérieurs,dont l'un passe par le milieu du corps du scaphoide et l'autre par le tiers externe du corps du cuboide.
L'examen clinique de la mobilité du scaphoide par rapport à l'astragale et du cuboide par rapport au calcaneum confirme cette aspect bio-mécanique puisque, dans la majorité des cas, nous trouvons une rotation externe plus importante du scaphoide et une rotation interne plus importante du cuboide; c'est la physiopathologie articulaire du médio-pied en charge. (These LAURIN COQUARD)
A partir de cette aspect bio-mécanique du médio-pied et de la physiopathologie articulaire induite, nous avons confectionné une orthèse plantaire placée sous le médio-pied en forme de chevron à action compensatrice du déséquilibre rotatoire noté plus haut. L'élément du médio-tarse utilisé dans l'étude est une plaque de liège de 4 mm d'épaisseur placé sous les os cuboide, scaphoide et premier cuneiforme, configuré pour que les deux bords latéraux parallèles correspondent au bord interne et externe du pied. Le bord antérieur de l'élément qui dégage les os métatarsiens est constitué par une ligne brisée convexe vers l'avant, la pointe étant située à l'aplomb de l'angle antéro-externe du premier cunéiforme. Le bord postérieur reste en avant du calcanéum, il est constitué par une ligne brisée concave vers l'arrière.
L' élément du médio-tarse est constitué de trois pentes, deux postérieures et une antérieure. Les deux pentes postérieures sont inclinées en direction du bord interne et externe du pied à partir d'une ligne centrale à direction antéro-postérieure située sous l'articulation scaphoido-cuboidienne sensiblement dans l'axe du troisième métatarsien.
La pente postérieure interne (a1) est située sous le scaphoide et reste à 2 mm de hauteur au bord interne.
La pente postérieure externe (a2) est située sous le cuboide et se termine à 0 mm près du bord externe.
La pente antérieure (b1) se situe sous le premier cunéiforme; elle est située sous le cuboide et se termine à 0 mm près du bord externe.
La pente antérieure se situe sous le premier cunéiforme; elle est inclinée de l'intérieur vers l'extérieur à partir d'une ligne surélevée s'étendant le long de la moitié antérieure du bord interne de l'élément du médio-tarse pour se terminer à 0 mm.
Nous avons utilisé la plateforme de stabilométrie clinique informatisée et normalisée par l'Association Française de Posturologie. Trois plateformes ont servi pour cette étude. Les éléments utilisés sont ceux décrits plus haut, réalisés en liège et adaptés dans leur dimension à la pointure du sujet testé.
Effectif
L'étude concerne en tout 110 sujets recrutés sans examen clinique préalable ni sélection préalable. Hommes et femmes de 19 à 70 ans.
Protocole
Un premier échantillon de 35 sujets a été enregistré pieds nus, yeux ouverts puis yeux fermés sans l'élément puis avec l'élément adapté à la pointure du sujet et placé bilatéralement sans que le sujet ne descende de la plateforme entre chaque enregistrement.
Entre chaque enregistrement s'écoulait uniquement le temps nécessaire à la prise des données informatiques et la mise en place des éléments. La même plateforme a été utilisée pour tous les enregistrements.
Un deuxième échantillon de 35 patients a été enregistré pieds nus, puis trois enregistrements successifs ont été réalisés en plaçant trois stimulations plantaires différentes dont l'élément du médio-tarse. La dimension de celui-ci était adaptée à la pointure du sujet. L'ordre de passage des stimulations successives était soumis à une distribution aléatoire. Entre chaque enregistrement, le sujet ne descendait pas de la plateforme et le temps écoulé entre deux enregistrements était le temps nécessaire à la prise des données informatiques et à la mise en place des stimulations. Tous les enregistrements ont été réalisés sur une plateforme identique à la première.
Un troisième échantillon de 40 sujets a été enregistré sur une autre plateforme identique aux précédentes, pieds nus, yeux ouverts seulement, puis avec un élément placé sous le pied gauche, puis un élément sous le pied droit et un élément sous chaque pied. Les deux éléments utilisés pour cette étude correspondaient à une pointure de 39 et n'étaient donc pas adaptés à chaque pointure des sujets. Entre chaque enregistrement, le protocole était le même que précédemment.
Résultat
Les résultats ne concernent que les enregistrements effectués pieds nus et avec les éléments. L'analyse statistique des résultats a porté sur tous les paramètres posturographiques retenus par l'Association Française de Posturologie : surface, x moyen, y moyen, vfy, lfs, ROMBERG.
Pour chaque paramètre a été réalisée une comparaison de moyennes en échantillon apparié entre les distributions du paramètre obtenu avant et après la mise en place des éléments yeux ouverts et yeux fermés.
Première étude
Il existe une différence statistiquement significative (p < 0,05) entre les surfaces obtenues en situation yeux ouverts après et avant la pose des éléments (graphe n°1). Il existe de même une différence statistiquement significative (p < 0,001) pour le paramètre des x moyens en situation yeux ouverts après et avant la pose des éléments. Il n'existe pas de différence significative pour les autres paramètres en situation yeux ouverts. En situation yeux fermés (graphe n°2), pour aucun des paramètres retenus, il n'existe pas de différences statistiques significatives.
Deuxième étude
Le bilan statistique montre une différence significative entre les mesures obtenues après et avant la pose des éléments en situation yeux ouverts pour les paramètres suivants :
- surface, p < 0,05
- x moyen, p < 0,001
- vfy, p < 0,05
- lfs, p < 0,02
Il n'existe pas de différence significative pour le paramètre y moyen.
Troisième étude
Dans cette étude statistique, nous avons regroupé les enregistrements des 110 sujets en situation yeux ouverts, pieds nus puis, avec la mise en place des éléments du médio-tarse. Le bilan statistique montre une différence significative entre les mesures obtenues avant et après pour les paramètres suivants :
- surface, p < 0,001
- x moyen, p < 0,001
Pour les autres paramètres, aucune différence significative ne peut être retenue.
L'élément du médio-tarse semble augmenter de façon significative la précision du système postural, telle que nous pouvons sur la plateforme de stabilométrie nous rendre compte de son fonctionnement, dans la mesure où l'élément du médio-tarse améliore le paramètre de la surface (confirmé par l'étude des courbes de répétabilité).
De la même manière, nous pouvons dire que l'élément du médio-tarse en montrant une différence significative pour le paramètre de x moyen , semble modifier la projection du centre de gravité du corps selon un axe frontal avec une tendance à un équilibre de l'appui bipodal.
Ces améliorations ne sont pertinentes qu'en situation yeux ouverts.
Cette différence entre yeux ouverts et yeux fermés met en évidence ce que le docteur DUJOLS avait nommé le conflit visuo-podal et souligne le concept de stratégie comme étant le plus approprié pour rendre compte de la phénomélogie du fonctionnement de ce que nous appelons le système postural d’aplomb.
OKUBO J. Avait déjà montré en 1980 que les stimulations de la sole plantaire par des grains de plomb ne modifiaient pas la surface des statokinésigrammes des 16 sujets testés en situation yeux fermés tandis qu'elles le modifiaient en situation yeux ouverts.
Le médio-tarse décrit comme carrefour important en statique et dynamique montre ici son importance dans le fonctionnempent du contrôle de la posture ou plutôt de son représentant stabilométrique que l'on peut assimiler sans trop se tromper au centre de gravité du corps.
Ce phénomène est confirmé par la clinique et nous pouvons dire que le médio-pied est une zone privilégiée d'action dans le traitement des déséquilibres posturaux.
Le centre de gravité du corps se situant au niveau du bassin, la relation entre médio-pied et bassin semble se confirmer dans l'équilibre postural et nous pouvons les considérer comme deux carrefours adaptatifs à action récurrente qui retentit sur la posture.
Lors de cette étude, nous avons appris qu'il était nécessaire d'adapter précisément le gabarit de l'élément du médio-tarse à la pointure du sujet traité pour obtenir une réponse stabilométrique éfficace .
L'élément du médio-tarse placé bilatéralement semble être tout à fait indiqué comme un élément de traitement des déséquilibres posturaux quel que soit l'étiologie du déséquilibre.